mercredi 15 mai 2013

5.1.5 La diffusion (47)



Cette phase correspond à la période d’occupation du lieu de l’événement (début du montage des installations, exécution de l’événement et fin du démontage des installations).  C’est précisément à ce moment-ci que l’on doit démontrer toute sa force d’organisateur, car le danger de perdre la maîtrise de son événement est plus réel que jamais pendant cette période critique.

Dès le début du montage, la dynamique de travail change.  Les liens d’autorité devront être remaniés pour assurer le bon déroulement de l’événement, et ce, peu importe les difficultés de parcours.  Voir au bon déroulement de l’événement et répondre aux urgences sont deux rôles bien différents qui ne peuvent être assumés par la même personne durant cette période.  Ainsi, le directeur de la logistique deviendra le grand patron pendant les périodes de montage et de démontage.  Il cédera son rôle au régisseur qui coordonnera tout le déroulement des activités au moment de leur diffusion.  Le directeur général sera plus en retrait pour être prêt à répondre aux urgences, encourager les équipes de travail et jouer son rôle de relations publics en tout temps.

Pour réussir son projet du premier coup, il faut mettre toutes les chances de son côté en organisant une répétition ou une simulation dans les jours précédant l’ouverture, comme il est de pratique courante au théâtre (la générale publique, la première).  C’est un détour que vous ne regretterez pas.  Il permet de tester le produit et son organisation pour corriger rapidement les lacunes et éviter que l’ouverture de l’événement ressemble à une répétition générale.  Cela est d’autant plus valable pour les événements ponctuels de courte durée qui n’ont aucune chance de reprise.  Dans le milieu des arts de la scène, la tradition veut qu’une répétition difficile soit gage d’une première réussie !

Pendant cette phase d’exécution, il est souhaitable de mettre en place une «salle des commandes» pour coordonner l’ensemble des opérations.  Il s’agit du centre névralgique de l’événement, situé dans un lieu à l’écart des activités, mais auquel tous les réseaux et moyens de communication sont rattachés.

C’est de là que partiront les directives générales qui s’adressent à l’organisation ou au public.  C’est aussi le point de contact pour toutes les autorités (police, pompiers, travaux publics, etc.).  Toutefois, ce centre sert de soutien aux gestionnaires qui courent partout sur le terrain et ne doit absolument pas chercher à les remplacer.  Le centre des opérations (ou salle des commandes) est un centre d’information, non un centre décisionnel.

Qui communique avec qui ?  On doit également établir clairement les lignes de commandement en cas d’urgence pour, ainsi, éviter d’appeler trois ambulances pour la même fracture.  Toute urgence n’est pas de même nature, certaines se planifient et d’autres sont plus imprévisibles.  Étant donné les centaines de milliers de personnes qui visitent annuellement le Festival Juste pour rire, il est évident qu’il y aura des blessés mineurs.  La pluie obligera aussi l’annulation de certaines activités.  Ce sont des situations prévisibles que l’on peut planifier dès le départ.  Mais un record de participation (un beau problème) ou je ne sais quoi d’autre sont des situations plus difficiles à prévoir.  Pour toute situation d’urgence, un code de procédure doit être préétabli et connu de tous les membres de l’organisation : le repérage du problème, l’analyse de la situation, l’évaluation des solutions, la prise de décision et le suivi.

Durant cette phase de diffusion, la pression est forte pour abandonner ou simplifier les politiques et procédures administratives, soi-disant pour répondre à l’urgence du moment.  Ne vous laissez pas impressionner par de telles menaces et gardez le cap sur le but à atteindre en respectant les règles du jeu établies.  Au contraire, il faut resserrer l’encadrement des équipes de travail et le mode de fonctionnement.  Par exemple, les nombreuses petites caisses dilapidées à tour de bras, soi-disant parce qu’il faut «absolument payer comptant», peuvent faire la différence entre un succès ou un demi-succès financiers.

Après l’événement, alors qu’on aimerait bien fêter avec les artistes et, surtout, dormir un peu, il faut démonter les installations.  Soyez vigilant, car les blessures, les vols d’équipement, les engueulades inutiles sont alors monnaie courante.  Le démontage, comme le montage, doit être planifié méticuleusement pour éviter que vous vous retrouviez seul à ramasser les chaises toute la nuit.  Idéalement, de nouvelles équipes de travail fraîches et disposes viendront prêter main-forte aux équipes en place.  N’oubliez pas, surtout, alors que les artistes font la fête, de prévoir suffisamment de victuailles pour les vaillants techniciens qui continuent de travailler !