jeudi 25 avril 2013

4.2.2 Les directions opérationnelles (33)



La nuance des rôles et les distinctions des responsabilités entre chacune des instances décisionnelles étant bien comprises, abordons maintenant le même exercice entre les différentes directions opérationnelles qui composent habituellement une organisation événementielle.

  • La direction générale (DG)
Nommé par le conseil d’administration, le directeur général est un véritable complice des administrateurs dans l’accomplissement de la mission.  Le choix de ce cadre supérieur est capital et repose non seulement sur son bagage d’expérience dans le domaine du projet, mais aussi sur ses compétences en gestion, sur ses aptitudes pour le travail en équipe et sur son dynamisme entrepreneurial.

Personne-ressource auprès des autorités décisionnelles (AGA/CA/CE), le directeur général leur recommande les orientations du projet et ses principales applications, ainsi que les prévisions budgétaires.  Il assume, entre autres, les lourdes responsabilités de la planification stratégique et du développement organisationnel du projet ainsi que l’implantation des opérations dans l’organisation.

En constante liaison avec tout l’environnement du projet, ce cadre supérieur est à la fois stratège, entrepreneur, négociateur, communicateur et passionné.  Le directeur général est le pivot central de toute l’organisation, «l’âme dirigeante» comme on dit souvent.  Il est un leader et un formateur qui sait diriger le projet en mettant à profit les talents de son équipe de direction, qu’il a choisie avec discernement.  En concertation avec elle, il sait établir les priorités du projet et offrir aux gestionnaires le soutien nécessaire au respect de ces priorités.  Il se préoccupe également de la communication interne, car il en connaît l’importance.





Le directeur général est appelé fréquemment à représenter l’organisation ou à présenter le projet dans des activités publiques ou après d’autorités diverses, ce qui fait souvent de lui un porte-parole complémentaire au président.

Il est toujours de la fête, mais demeure le patron même en pleine réjouissances.  Il ne perd jamais la face, comme disent mes amis chinois !

·         La direction du financement
On retrouve souvent cette fonction de financement intégrée sous une autre direction (direction générale ou des communications, voire de l’administration).  Or, le financement du projet est une responsabilité en soi qui requiert beaucoup de temps et de plus en plus d’expertise.  Il est rentable de créer une entité autonome pour gérer le financement du projet.

La direction du financement regroupe une petite équipe de bons vendeurs, qui fait parfois appel à des spécialistes externes.  Elle est responsable de trouver le financement public ou privé et de mettre en œuvre la commercialisation du projet.  Au départ, elle établit une stratégie de financement du projet qui intègre toute forme de revenus.  Une fois la stratégie adoptée, l’équipe du financement a la charge d’effectuer les recherches, d’établir les contacts et de négocier les ententes avec les éventuels bailleurs de fonds.  Quand les ententes sont signées, elle en assure un suivi serré pour le bénéfice des deux parties.

·         La direction de l’administration
Tout projet a sa direction de l’administration ou, à tout le moins, son comptable.  Cette direction est d’abord responsable de mettre en place une saine gestion financière (politique et procédés administratifs).  Au-delà des prévisions et du contrôle budgétaires, la direction de l’administration s’occupe de toute la comptabilité du projet.  Elle gère aussi administrativement (et non opérationnellement) les ressources humaines : la rémunération, les politiques des ressources humaines et les conditions de travail.



On confie souvent à cette direction les approvisionnements pour tout le bureau : les fournitures, l’équipement, etc.  Par tradition, elle prend habituellement en charge les technologies de l’information : l’information, la téléphonie, etc.  À défaut, d’un conseiller juridique à l’interne, on soumet au directeur de l’administration toutes les questions juridiques (contentieux) et il entretien les liens avec les firmes d’avocats, au besoin.  Finalement, les assurances, un dossier dont personne ne veut s’occuper mais qui concerne tout le monde, sont sous sa responsabilité.

Les membres de cette direction doivent faire face à un milieu de travail qui considère souvent que toute intervention administrative va à l’encontre de leur créativité !  Cette recherche d’équilibre entre un contrôle nécessaire et une liberté créative engendre un stress incroyable chez les comptables, qui sont souvent les premiers à quitter la barque.  Cela est bien dommage, car ils sont indispensables.

·         La direction de la logistique
Il est toujours quelque peu difficile d’établir le partage des responsabilités entre la technique et la logistique d’un événement.  La démarcation entre les deux n’est pas étanche et souvent est source de conflit.  Disons pour simplifier que tout ce qui est «en bas de la scène» est de la logistique et que tout ce qui est «sur la scène» est de la technique.  En d’autres mots, tout ce qui a trait au public relève de la logistique et tout ce qui concerne le spectacle (ou l’exposition, la compétition, etc.) dépend de la technique.  Les nuances entre ces services sont parfois tenues.

L’aménagement du lieu est la responsabilité de cette direction (dans le cas d’un événement d’envergure comme le Festival international de Jazz de Montréal, l’aménagement peut faire l’objet d’une direction autonome).  Les installations doivent d’abord répondre aux besoins des activités, puis respecter les contraintes budgétaires et techniques.  De plus, l’événement et ses installations doivent se conformer à toutes les réglementations (code du bâtiment, incendie, police, hygiène, environnement, etc.).  Un exploit à réaliser chaque fois !



L’accueil du public est une responsabilité importante sous cette direction qui doit mettre en place les services de santé et de sécurité conformément aux règlements en vigueur dans la communauté d’accueil.  Toute foule appréciera davantage l’événement si elle se sent en sûreté sans être trop encadrée.

Cette direction de soutien à l’événement est également responsable des services de transport, d’hébergement et de restauration pour le bénéfice du public ou des membres de l’organisation.  Ce sont de lourdes responsabilités, car si la réponse à ces besoins primaires n’est pas fournie à la satisfaction des usagers, cela provoque un mécontentement général lourd de conséquences.

La télécommunication termine la liste des responsabilités de cette direction.  Planifier qui doit parler à qui et comment : radio, téléavertisseur, télécopieur, téléphone cellulaire, téléphone, en personne, etc.  C’est souvent à cause de la faiblesse des liens de communication que l’on perd une certaine qualité de l’événement (ou, pire, le contrôle) qui se déroule.  On a tous vécu l’expérience du nouveau bénévole à qui l’on a oublié de donner les directives d’usage pour utiliser intelligemment une radio de type walkie-talkie et, qui monopolise les ondes sans bon sens !  Établir les liens de communication adéquats signifie aussi qu’il faut éviter de créer des liens inutiles entre les personnes qui n’ont pas à se parler, et ce, pour ne pas congestionner les réseaux inutilement.

La direction de la logistique offre un soutien indispensable à l’événement au même titre que la programmation mais son rôle est tellement moins visible et gratifiant.

·         La direction de la programmation
Il s’agit du cœur de l’événement.  La direction de la programmation est responsable de la conception et de la réalisation des activités au programme.  Sa responsabilité s’étend jusqu’à l’encadrement du talent rattaché à ces activités.  Les membres de cette direction étant eux-mêmes quelque peu artistes; ils sont les mieux formés pour prendre soin des vedettes et de leur ego.  Attention, bien souvent, il y a plus de vedettes autour de la scène que sur la scène !

Le son, l’éclairage, les décors et les accessoires sont des éléments qui complètent la présence de l’artiste ou de l’athlète sur scène.  Aborder ces éléments sous un angle trop technique diminue la qualité artistique du spectacle.  Selon l’ampleur de l’événement, l’équipe de la programmation, assistée de bons techniciens, peut prendre en charge ces aspects techniques; sinon, une direction technique autonome sera mise en place (son, éclairage, scéno, décors, régie).

Toutes les directions sont au service de la programmation qui fait l’événement, mais la direction de la programmation doit répondre aux exigences de toutes les autres directions.  Tout est question d’équilibre entre l’originalité du produit et sa faisabilité.

·         La direction des communications
Le projet, si beau soit-il, n’est rien si l’on ne réussit pas à le vendre à un public.

La direction des communications est un joueur clé sur qui repose la vente de l’événement.  La stratégie qu’elle élabore en fonction des clientèles cibles se traduit par des actions de promotion et de publicité ainsi que par des relations de presse dont elle a la responsabilité.  Toute communication verbale, écrite ou visuelle de l’événement doit idéalement passer entre les mains de cette direction avant d’être diffusée, ce qui n’est pas toujours le cas.  À chaque événement, il y a toujours un membre de l’organisation qui, impressionné par la présence des médias, finit par faire une déclaration à l’emporte-pièce.

Naturellement, les membres de cette direction sont bons vendeurs.  C’est pourquoi on leur confie aussi les activités de relations publiques et de protocoles.  Toutes les personnalités (politiciens, commanditaires, etc.)  que vous avez harcelées au cours des derniers mois pour obtenir leur appui s’attendent à être bien accueillies le soir de l’événement.  Le service des relations publiques les prendra en charge avec charme et diplomatie.  Le protocole à respecter est souvent encombrant pour un organisation d’événement, mais fort payant par la suite.

Il est efficace de confier à cette direction le pavoisement et la signalisation sur les lieux de l’événement.  D’abord parce qu’il s’agit d’une autre façon efficace de communiquer avec le public puis parce que ce sont des outils très importants pour la visibilité des commanditaires.

Finalement, dans l’effervescence de l’événement, on oublie souvent d’en capter les moments historiques ou magiques pour la pérennité.  Pour documenter votre présentation de l’année suivante ou pour conserver à jamais les images de votre succès, l’archivage visuel de l’événement est toujours un bon investissement.

L’essentiel du travail de la direction des communications doit se faire bien avant l’événement.  Cette direction talonne sans cesse la direction de la programmation pour obtenir des nouvelles fraîches à communiquer.  L’équipe de financement exerce beaucoup de pression sur le groupe de communications pour obtenir le plan de visibilité pour les commanditaires.  C’est le jeu du chat et de la souris.  On ne peut pas faire un plan de marketing (incluant la visibilité des commanditaires) sans connaître la programmation.  L’équipe de la programmation ne peut pas décider de son contenu sans connaître les sommes d’argent dont elle peut disposer.  La direction des communications est coincée entre la programmation qui ne vient pas et le financement qui l’attend.  Tout le monde pousse en même temps.  C’est là le nœud à dénouer chaque fois.  Il n’y a pas de recette miracle pour remédier à cela.  Un jour, tout finit par débloquer par l’une ou l’autre de ces portes d’accès.

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